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ÉPISODES


Ses cheveux étaient blonds à tromper les abeilles ;
Et celle qui dormait épandait à grands flots
Toute sa chevelure, Or, où tu t’appareilles !
L’autre évoquait la nuit où les astres sont clos
Par ses bandeaux obscurs qui couvraient ses oreilles ;

Et toutes trois semblaient depuis l’éternité
Des siècles être là pour guetter la venue
En ce verger floral de l’Avril visité
De Celui qui viendrait d’une terre inconnue
Vers leur divine et leur fatale trinité !

Il vint, par le chemin du côté de l’Aurore,
Des vieux Édens perdus vers le monde ignoré,
En ce Verger de source et d’arbustes sonore,
Éphèbe épris d’amour, vaguement timoré
De son exil parmi les routes qu’il ignore ;

Vers celle qui tressait des fleurs entre ses doigts,
Vers la timide, la pudique, la gracile
Dont les cheveux flottaient sur la robe à plis droits
Il vint, et son aveu frivole et juvénile
Salua des genoux l’Élue entre les trois :