Page:Régnier - Épisodes, 1891.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
41
ÉPISODES


De l’aurore à midi, sidéral et vermeil,
Jusqu’au soir violet où s’allume l’étoile
De chaque nuit plus douloureuse à son réveil,

Au creux des sables fins comme un linceul de toile
S’est moulé mon ennui las de l’attente où rit
Un mensonge d’oiseaux longtemps crus une voile,

Et d’éternels avrils d’écumes ont fleuri
Sur les glauques sillons des vagues éternelles,
Prés que le soc d’aucune proue encor n’ouvrit ;

Et las de cette mer et du leurre des ailes
Aux horizons lointains et nus des ciels d’azur,
Et du déferlement des lames parallèles

Dont le flux de marée efface et comble sur
La grève mon empreinte vide, je ramasse
Une conque en spirales torses d’émail dur

Où je souffle un appel à quelque dieu qui passe.