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Aux grèves de soleil où s’effacent les pas
Comme la vanité de notre ombre éphémère
Se sont moulés les seins aigus de la Chimère
Qui dormit sur le sable en quelque midi las,

La mer bourdonne sourde, à dire des abeilles
Ivres de l’or des algues rousses, et l’éclat
Du ciel de pourpre où le sang d’un soir ruissela
Évoque d’autres soirs aux vendanges de treilles ;

L’ombre mystérieuse a redit aux échos
Les tambourins rythmant les rites triomphaux
Du Dieu qui porte un thyrse où se tordent des vignes

Et, dans le ciel d’été, pâle Ariane, luit
Parmi la foule des étoiles et des signes,
Ta couronne apparue un astre dans la Nuit.