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ÉPISODES


La fraîcheur nuptiale et claire des rosées
Mouillait seule les doigts et perlait seule aux mains
Des Vierges qui passaient, blanches, par les chemins
Dans le silence des campagnes reposées.

Il s’en venait parfois sur les brises chargées
De parfums l’éclat pallié d’un rire pur,
Et tout là-bas la mer infinie et d’azur
Prolongeait l’horizon des plaines étagées,

Le doux vent qui poussait les lames sur les grèves
En lents écroulements d’écume au sable clair
Apportait d’un pays autre de par la Mer
Le vol transmigrateur des Espoirs et des Rêves ;

C’était comme le souffle d’un Dieu qui délivre !
Et l’attrait rayonnant de cette nouveauté
Rajeunissait l’enchantement et la beauté
De la vie et donnait de fous désirs de vivre…

Voici le Temple enguirlandé du seuil au faîte
Le marbre blanc scintille et rayonne aux frontons,
Voici la porte ouverte et le parvis ; montons
L’escalier incrusté jonché de fleurs de fête :