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La torche des glaïeuls s’enflamme aux clairs midis
Qu’un bois d’ombre bleuit par delà le grand Fleuve
Aux bords frôlés de brise, un peu, pour que s’y meuve
En ondes le flot glorieux des blés blondis ;

L’essaim bourdonne en nimbe autour des ruches pleines
Parmi le val où l’herbe abonde de fleurs d’or,
Et dans l’Azur fendu d’un sillage d’essor
Des vols d’oiseaux fuyards rament à toutes pennes ;

Tout l’éphémère éclat des rives et des ciels
Rayonne en ces midis qui mûrissent les miels
Et c’est la chute lente et seule d’une plume,

À l’horizon des routes où vont nos pas seuls
Jusqu’à la nuit d’un crépuscule où se consume
Le flamboiement fleuri de pourpre des glaïeuls.