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ÉPISODES


Parmi tous je connais la coupe sans défauts
Dont le métal sonnant de saphyrs se bossèle,
Digne du Vin versé dans ses ors triomphaux ;

J’y boirai tout le sang de la grappe cueillie
Comme on mange le bled mystique que la Faulx
Ne fauche pas aux champs de la Terre avilie…

Voici d’ombre et de soir tout site atténué
Dans un effacement de rêve qu’on oublie,
La Ville en bas redit son cri diminué,

Écho du monde vain que mon mépris déserte,
Clameur d’un peuple en joie à sa danse rué
Et dont vient à mes pieds mourir la voix inerte.

Cependant que tourné vers la Mer qui tout bas
Déferle sourdement sur la plage couverte
Des écumes, sueurs des vagues en ébats,

Je convie à fêter l’ivresse des breuvages
Les Oiseaux merveilleux qui voltigent au ras
Des flots jaillis emperlant l’essor des plumages,