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IX

L’orgueil, l’amour, l’or triste et la vieille Chimère
Qui traverse la nuit comme un oiseau perdu
Ont torturé ton cœur et tenté ta misère
Ô Mendiant à qui quelque trésor est dû.

La gloire du couchant fut ta pourpre éphémère,
Tu te songeas royal selon cet attribut
Et tes mains ont puisé la gemme imaginaire
À l’eau de toute source où ta lèvre avait bu.

Lucifer et Vesper ont lui sur ta tête,
Et tu connus l’aurore où chante l’alouette
Et l’ombre ample et profonde où pleurent les hiboux ;

Et tu sais, Vagabond, sage d’antiques preuves,
S’il vaut mieux préférer pour vivre loin des fous
Les dieux velus des bois aux dieux barbus des fleuves !