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VIII

C’est pour aller vers toi, Dormeuse séculaire
Qui gis là mieux qu’au fond des antres souterrains
Que j’ai sanglé de cuir mes jambes et mes reins
Et que l’âpre soleil a hâlé ma peau claire.

L’obstacle des forêts a tordu sa colère,
L’écume m’a caché les horizons marins,
Le val d’embûches gras du sang des pèlerins
Hâta mes pas recrus que la peur accélère !

C’était si loin et par delà les soirs si loin !
Le château de mystère où dormait le doux soin
Qui fit ma vie errante, hélas ! et vagabonde

Que dans la nuit, tombé sans forces, à genoux
Je pleurais à ouïr dans la forêt profonde
Buter les sabots vifs des cerfs cornus et roux.