Page:Régnier - Épisodes, 1891.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

V

De quelque antique terre où naissent de tes pas
Les fleurs mystérieuses que ta robe ploie
Il grimpe à tes seins nus des chimères de soie
Dont la griffe au pli raye un ancien lampas.

L’éclat de tes cheveux est d’un or qui n’est pas !
L’augure d’un destin somptueux y flamboie,
Et dans tes yeux menace l’éclat de ta joie
Un présage contradictoire de trépas.

Toi de la terre née et d’où naissent les fleurs,
L’aurore à qui tu ris est une face en pleurs,
Ô rubis d’où s’ensanglantent tes pierreries !

Et la chimère prise à ta robe qu’elle orne
Montera quelque soir vers tes lèvres fleuries
Y mordre ton destin offert à sa dent morne.