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XXII

Sur les parterres blancs et les façades closes
Une clarté de lune et de rêve s’étend,
Et nous avons longé le bord du vieil étang
Où flotte la senteur vespérale des roses ;

La nuit lunaire est bonne aux rêves noctambules
Hasardant leur recherche au perron écroulé,
Et c’est comme un écho des pas qui l’ont foulé
Que font nos pas sur le pavé des vestibules ;

Le passé de nos cœurs est lourd de rêves morts
Et nous voulons savoir si l’urne ne recèle
En l’oubli de ses flancs de suprême parcelle,

Et c’est pourquoi, par les nostalgiques décors,
Nous allons, recherchant parmi les pompes mortes,
Si nul rais de clarté ne filtre sous les portes.