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XX

Ce décor a bercé les rêves d’un autre âge…
Cette Harpe a rythmé des refrains plus frivoles,
Et la poussière semble au marbre des consoles
La poudre qui tomba de quelque doux visage ;

Les candélabres hauts offrent comme un hommage
Leurs cires où brûla le feu des flammes folles,
L’écho bégaie et dit d’incomprises paroles,
Le miroir s’est fermé sur un dernier mirage ;

Dans la chambre féconde en malaises étranges,
Par la fenêtre ouverte en ses rideaux à franges
D’où l’on voit aux lointains bleuis des avenues

L’étang où luit l’éclair brusque d’un saut de carpe
Et le jardin désert où rêvent les statues,
Le doigter du vent vibre aux cordes de la Harpe.