Page:Régnier - Épisodes, 1891.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XVI

Un caprice cruel a cloué sur la proue
Du navire porteur de voiles et d’espoir
La Sirène qui tient en sa main un miroir
Et dont la chevelure éparse se dénoue !

La Charmeuse qui sur la plage où la mer troue
De son flot obstiné le rocher dur et noir
Vers la côte attirait le voyageur du soir
Et vers l’écueil inévitable où l’on échoue,

Privée à tout jamais du vieil enchantement,
Regarde l’accalmie et le déroulement
De la houle muette aux horizons où monte

Le deuil d’ombre qui suit la chute des soleils :
Nuit où son chant n’arrête plus la course prompte
Du navire porteur d’espoirs et de sommeils.