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XI

Le chaud soleil d’Été berça les incuries
De mon rêve engourdi sans force ni vouloir
Et ma vague torpeur qui s’est distraite à voir
Houler les épis lourds des récoltes mûries ;

La gloire du couchant flambe des cuivreries
Du soleil qui se meurt en sa pourpre du soir
Et ce ciel de métal et de sang fait prévoir
L’égorgement prochain des certaines tueries ;

Au long d’un bois que le soleil atteint encor
Le tranchant d’une faulx qui luit comme de l’or
Semble un glaive oublié gisant dans l’herbe grasse,

Près d’un sillon, miroite et se courbe le soc
D’une charrue avec des reflets de cuirasse,
Et la Mer calme écume à la pointe d’un roc.