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PROLOGUE

Ce chant me racontait mon rêve intérieur…
Un brusque déliement de nattes bien nouées,
Un éploiement joyeux d’ailes inavouées,
Tel fut pour moi ce rythme, et vers l’Azur rieur

C’était, là-bas, aux lointains bleus des avenues
Parmi l’herbe fleurie et la forêt d’Avril
Mon âme même qui disait son puéril
Poème par ce jeu de lèvres inconnues.

Je restai si longtemps muet, à bien ouïr
Ce doux son labial dit pour s’évanouir,
Que je n’ai pu baiser tes lèvres, ô Joueuse,

Dont j’ai trouvé vibrante de ton souffle encor
La flûte de roseau délicate et noueuse
Parmi l’herbe où volaient de grands papillons d’or.