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Le vol effarouché des oiseaux crêtés d’or
Distrait l’unique soin de notre double extase,
Et dans le rougeoiement dont l’Occident s’embrase
Leurs ailes vont fondre la pourpre d’un essor ;

Un vain rêve emporté tourne en chute de plume
Aux remous d’air de ce passage fulgurant
Dont tu suis le départ de tes yeux las s’ouvrant
Sur d’autres horizons que ton désir présume ;

Ce songe où notre âme mutuelle s’oublie,
Guirlande jumelle et fragile, se délie
En ce déclin crispant sa tresse qui se tord ;

Un vent d’aile néfaste a défleuri la touffe
Des lis et, dans le soir triste de quelque mort,
L’éclair du Glaive rentre au fourreau qui l’étouffe.