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ÉPISODES

Joyaux plus variés que les couchants d’automne,
Rubis, sang des vaincus par l’Érèbe exigés,
Améthystes, éclairs pâles d’un ciel qui tonne,
Fruits, parfumant la mer d’une odeur de vergers —
Laissa tout le trésor conquis parmi les mondes
Ruisseler, et marquer en le remous des ondes
Un sillage saigné par mille pierreries ;

Le mystère du flot avide s’est fermé
Sur le rayonnement des gloires enfouies,
Et le soleil en nuages d’ombre a fumé,
Torche funèbre, sur le deuil des vains travaux
Et ce qui fut ma Vie exaltée et sa joie.

À l’opposé des Mers où l’Occident rougeoie
Voici la Terre immense et ses autres échos,
Et la ligne des bois bleuis d’ombre et de brume,
Et c’est une autre Vie et ses luttes et toutes
Ses hontes qui s’évoquent et les mâles joutes
En ce décor d’un ciel de cendre et d’amertume,
Marécage qui stagne aux soirs paludéens.

L’Hydre a tordu d’un cri les squames de ses reins
Et roulé dans la fange immonde sa défaite