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ÉPISODES


Mais ton onde leur fut à tous mauvaise et vaine
Et leur soif, ô Jouvence, a souillé ton cristal
Du souffle d’une bouche érotique et malsaine,

Le rajeunissement du breuvage fatal
Les rua vers la chair et vers l’amour immonde
Et les voici voués aux renouveaux du mal,

Et toute la douleur éparse par le monde
A repoussé pour eux ses rameaux et ses fruits
D’arbre miraculeux que nul Ange n’émonde,

Et dès lors, jusqu’à l’heure atroce des minuits,
Des couples, cœurs en sang et percés des sept-glaives,
Sanglotent au déclin venu des jours enfuis

Le cri des deuils d’amour errant au soir des grèves !