Page:Régnier - Épisodes, 1891.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous voguions sur des mers de nuit et de colères,
Loin de la Terre et de l’Éternelle Saison
Où l’or de tes cheveux fut la seule moisson,
Loin des Jardins fleuris et des Jouvences claires ;

L’évanouissement de rives et de choses
Douces et mortes et plus lointaines toujours
Nous fit pleurer tous deux, et des aromes lourds
Parfumaient notre exil de mémoires de roses ;

L’enfantin Paradis qu’un caprice dévaste,
Du mauvais sortilège et de l’ombre néfaste,
Filet mystérieux où trébucha ma foi,

Surgit comme au lever des aurores premières,
Et revoici, telles qu’alors, toutes pour Toi,
Guirlande à la Fontaine et torsades trémières !