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ÉPISODES

Où je vins ignorant le péril inconnu
De te voir autrement qu’au vague de mon rêve…
Un brusque souffle ouvrit ma robe ; et mon sein nu,
Divulgué par le seul hasard d’une surprise,
Et l’or de mes cheveux que dénoua la brise
Éblouirent tes yeux d’une apparition,
Et mon corps a tordu sa révolte inutile
Entre les bras dompteurs de la rébellion
Où se roidit ma chair de Vierge… mais nubile
Avait rêvé de toi mon songe inconscient
Et tu vainquis mon doux reproche souriant.


Depuis, quelque anse calme et sûre fut l’asile
Où ton navire désœuvré cargua l’essor
De ses voiles ayant des frissons d’envergures,
Peintes de monstres et d’effrayantes figures
Qui semblent rire quand grince le câble d’or !


La maternelle mer a tant bercé nos veilles,
La torche vespérale allumé de merveilles
À la voûte incrustée et riche de joyaux
De la grotte où dormit notre amour qui s’enlace