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INTRODUCTION.

de leur confrérie. Les maîtres de la corporation dévoient paroître à la procession, ayant la tête couronnée de chapeaux de roses, et l’un d’eux devoit porter le bâton de la confrérie. A la mort d’un crieur, ses camarades, en robes de la confrérie, dévoient porter son corps au cimetière, mais en route le convoi devoit s’arrêter à tous les carrefours ; on devoit déposer le corps sur des tréteaux, et un crieur muni d’un beau hanap devoit offrir à boire à tous les assistaus[1]. On voit que le législateur cherchoit à entourer d’une sorte de prestige cette corporation, qui pourtant tendoit visiblement à dégénérer, car les crieurs faisoient toute sorte de métiers, et on fut obligé de leur défendre d’être fossoyeurs et valets d’étuves[2].

Sous le règne de Louis XIII, elle se composoit de trente individus qui crioient les vins pendant la matinée ; mais ce n’étoit plus le tavernier qui leur fournissoit le hanap ; ils avoient quatre sous pour crier les vins étrangers dont l’arrivée étoit encore annoncée comme une circonstance extraordinaire[3].

Pour terminer ce qui concerne les métiers qui détaillent les comestibles, il me reste à faire mention des regratiers : c’étoient ceux qui débitoient les légumes et le sel auxquels ils joignoient aussi le pain, le poisson, la cire, la bière : Paris avoit deux corporations de ce genre[4]. Ces regratiers tenoient lieu d’épiciers, qui ne se formèrent en corporation qu’au XIVe siècle[5], et ne sont par conséquent pas un des métiers les plus anciennement constitués de la ville. Il y avoit aussi deux corporations de poissonniers : les uns ne vendoient que des poissons d’eau douce, tandis que les autres tenoient la marée[6]. Pendant quelque

  1. « Et avec ce yront deux d’iceulx crieurs entour ycelui corps du crieur trespassé, l’un tenant ung pot de vin, et l’autre ung beau hannap pour présenter à donner à boire à tous ceulx qui porteront le corps et à tous autres qui boire vouldront, et mettront reposer ledit corps à chascun quarrefour sur deux tresteaux, et en icelui reposant, présenteront à boire à ceulx qui là seront présens, aux despens de la dite confrarie. » Ordonnance de 1415.
  2. Ibid.
  3. Ordonnances royaulx, édit. de 1664, in-fol., notes de l’article crieurs de vin.
  4. Registres des Métiers, part. I, tit. IX et X.
  5. On en nomme un grand nombre dans le Livre de la Taille de 1515.
  6. Ibid., tit. XCIX et C.