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ment teintées. Sur la route il y avait beaucoup de promeneurs, et j’ai rencontré plusieurs de mes bonnes camarades de l’école qui allaient, comme moi, prendre l’air dans les bois. Nous nous y sommes bien amusées à poursuivre les jolis papillons et à cueillir des fleurettes. Puis nous sommes rentrées à la maison parce que mes parents nous attendaient pour dîner.

Que j’ai eu de plaisir ce jour là !

J’ai écrit ces quelques lignes pour conserver le souvenir de cette agréable petite promenade ».

Signé : TANÉ-OSAKA, 11 ans 1/2.


Ces cahiers ne nous apprennent pas seulement que le langage des enfants est partout le même, ils nous renseignent aussi sur les méthodes nouvelles adoptées pour l’enseignement du dessin ; en les parcourant, nous voyons les travaux des élèves de différentes classes des écoles primaires de garçons et de filles.

Que les classes soient supérieures ou moyennes, c’est maintenant partout le même genre d’objets qui a servi de modèles à ces malheureux enfants : marmite, casquette, petit banc, etc., le même « objet usuel » sans expression et sans vie dont on a tant abusé chez nous, mais dont, heureusement, on commence à se lasser un peu. Le pis est que pour ces études, l’usage du pinceau, cet outil admirable, si souple et si ferme à la fois, l’outil national, n’a pas été conservé. C’est notre crayon mine de plomb, sec, et notre crayon noir, boueux, aggravé d’estompe, dont, gauchement, se sont servis ces petits Japonais dévoyés.

On peut voir dans ce détail si important, sous son apparence insignifiante, une des nombreuses manifestations de ce phénomène désolant observé par quelques initiés, qui, de loin, suivent, avec une