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Supposons que le reporter le décrive avec complaisance, comme un vieux bonhomme à barbe blanche — tel que les missels gothiques nous le représentent — environné de chérubins joufflus soufflant dans des trompettes, et qu’il s’attarde à certaines particularités, rendues vulgaire à plaisir ! Quel scandale ce serait pour les âmes pieuses et quelle souffrance elles éprouveraient à voir traiter irrévérencieusement l’objet de leur dévotion !

Il y a beaucoup de cela dans l’effet produit sur les fidèles japonisants par la prose de M. Pierre Loti.

Est-ce à dire que tout est à admirer dans l’Empire du soleil levant ? L’absolue perfection n’est pas de ce monde et, là comme ailleurs, il y a place pour plus d’une critique de détail, surtout si l’on ne veut considérer que l’époque actuelle.

J’ai sous les yeux toute une suite de petits cahiers qui furent envoyés du Japon, avec d’autres objets, à la dernière exposition universelle de Paris par le Monbousho, ministère de l’instruction publique.

Ce sont des travaux d’élèves des écoles publiques de là-bas. Écriture, calcul, géométrie, histoire, géographie, toutes les matières enseignées dans nos établissements scolaires d’Europe, sont représentées dans ces cahiers.

Je cueille dans l’un d’eux cette narration enfantine d’une petite fille, élève de l’école communale No 29 de Kioto.


PROMENADE AU BOIS DES PLATANES.

« Un dimanche, après avoir bien travaillé à l’école, je suis allée faire une petite promenade dans le bois des platanes de Harasi Yama.

Mes parents m’en ayant donné la permission, je suis partie avec mon petit frère et ma bonne. La vallée était fraîche et la vue très agréable. Les feuilles des arbres, rougies par l’automne, étaient riche-