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27 Août. — Aujourd’hui en nous promenant nous avons été faire une visite à ma famille. Lui, d’assez bonne humeur, a été très bien pour tout le monde, surtout pour ma mère, qui dans la médiocrité où elle est tombée, est restée si grande dame, et dont la gravité enjouée a paru l’impressionner beaucoup. Il a aussi très bien accueilli mes sœurs et mes frères. Le plus petit, après maintes singeries mignonnes, est venu s’endormir sur ses genoux. Il a admiré le jardin et loué le goût exquis qui a présidé aux arrangements intérieurs de la maison.

Pendant quelques minutes tous mes chagrins furent oubliés. Mais ce rayon de soleil devait s’évanouir bientôt.

Yves et Oyouki nous ayant rejoints, nous sommes partis pour une longue tournée d’achat de bibelots dans la ville. Pierre, trouvant tout détestable et rien à son goût, enrageait, malmenait tout le monde, et la politesse des marchands — qu’il trouve exagérée — ajoutait à son exaspération.

Il me rendait honteuse…



…« De quel droit, petite Chrysanthème, vous permettez-vous de censurer votre maître ? Auriez-vous déjà perdu, à un contact étranger, la notion juste de vos devoirs ? Vous l’avez voulu, vous lui appartenez jusqu’à la mort, et ce n’est pas seulement votre