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phante évoluer dans la baie. Je me console en supposant qu’il a été retenu par son service ; il y a eu de gros orages, et la mer a été très mauvaise ; les communications n’ont pas dû être faciles avec la côte…

Enfin les voilà, Yves et lui ; ils gravissent la pente qui mène à la maison. Comme je vais l’embrasser !



25 Août. — Yves dans la chambre voisine de la nôtre, où nous l’avons installé pour la nuit, fait la chasse aux moustiques en grommelant ; il nous empêche de dormir ; il serait plus simple de lui faire une petite place sous notre moustiquaire, pensons-nous. Il s’en suit un petit brouhaha. Par inadvertance, sans doute, Pierre a placé mon makoura entre le sien et celui du nouveau venu. Sans rien dire je remets les choses dans l’ordre convenable, Pierre au milieu.

La nuit s’est achevée paisiblement et ce matin les deux inséparables sont partis joyeux.

Je trouve sur le balcon son petit calepin qu’il a oublié. Mon dictionnaire n’est pas encore arrivé de Tokio ; ça doit être si difficile à apprendre le français ! Je crois qu’il faut y renoncer. Par désœuvrement je copie lettre à lettre, au dos d’un éventail, cette phrase que je lui ai vu écrire sur la dernière de ces pages dont il vaut mieux sans doute que j’ignore le sens :

« Comme c’est éternellement joli, même au Japon, les matins de la campagne et les matins de la vie ! »