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servons pas du même langage ! J’ai fait demander un dictionnaire ; je l’attends ; il m’aimerait peut-être mieux, si je pouvais lui parler et si je pouvais l’entendre. Je voudrais apprendre le français en cachette pour lui faire une surprise ; le secret de mes études serait peut-être difficile à garder, n’importe ! je meurs d’envie d’essayer.



11 Août. — Ce sont les araignées maintenant qui l’horripilent !



12 Août. — Il prend des notes parfois sur un petit carnet, mais il ne lit jamais, du moins je ne lui ai jamais vu un livre dans les mains, pas même un journal. Et moi qui aime tant la lecture, je ne puis m’y livrer que lorsqu’il n’est pas là.

Il paraît insensible à la vue des plus charmantes choses.

Décidément tout l’ennuie.

Je n’ose plus lui faire admirer mes bouquets. Il renifle parfois, en faisant une vilaine grimace ; le parfum subtil et fin, dont tout ici est imprégné, lui déplaît, — il n’est pas en mon pouvoir d’y rien changer, — et c’est de l’air le plus dégoûté du monde qu’il repousse la petite pipe d’argent que je lui présente pour qu’il fume avec moi. C’est un plaisir bien innocent ; je devrai peut-être m’en priver.

Jusqu’aux plats qu’on me sert, qu’il persifle — et ses yeux prennent une expression funeste, quand