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sement soumise en toutes choses ?… J’attendrai que son accès soit passé, en me tenant auprès de lui, muette et attentive.



14 Juillet. — J’ai mieux supporté la fatigue — que je m’efforce de lui dissimuler — de notre promenade d’aujourd’hui. Mes prouesses au tir à l’arc l’ont fait sourire d’abord et ensuite l’ont émerveillé. Mais, le soir, en traversant la concession européenne, pour rentrer chez nous, il est redevenu sombre.

C’était la fête des Français. Il y avait là des hommes de toutes les nations : Anglais, Américains, Russes, etc. Ils chantaient à tue-tête, très excités et plus d’un roulait ivre-mort. C’est sans doute ce spectacle pénible qui avait fâché Pierre. Buvez et chantez quand vous pouvez, dit le proverbe, car à deux pas de vous c’est la nuit noire.



18 Juillet. — Aujourd’hui sont venus nous voir les amis de Pierre avec leurs femmes japonaises ; je ne connais aucune de ces dames.

Les présentations faites, nous avons été nous promener dans le quartier des théâtres. Oyouki qui s’est peu montrée, par discrétion, pendant les premiers jours de mon mariage, était avec nous ; je l’ai confiée au seul de ces messieurs qui soit resté célibataire. Ils forment un couple excessivement comique ; elle toute petite et un peu sauvage, lui très grand