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Où cela devient plus grave, c’est lorsque, s’abandonnant sans réserve au parti-pris de dénigrement qui l’anime, l’ami mal avisé de Mme Chrysanthème englobe une nation entière dans la plus injurieuse des accusations. Oser dire en parlant d’un « établissement honnête et familial, tenu par un vieux monsieur Nippon, sa dame d’un certain âge et les trois aimables mousmés, ses demoiselles, qu’ici comme partout les personnes sont à vendre aussi bien que les choses » est plus qu’une calomnie.

Pour mériter d’être traités aussi grossièrement, il faudrait qu’ils eussent bien changé depuis le temps où St-François Xavier disait d’eux

« Autant que je puis en juger, les Japonais surpassent en vertu et en probité toutes les nations découvertes jusqu’ici ; ils sont d’un caractère doux, opposé à la chicane, fort avides d’honneurs qu’ils préfèrent à tout le reste ; la pauvreté est fréquente chez eux, sans être en aucune façon déshonorante, bien qu’ils la supportent avec peine ».

Revenons à Madame Chrysanthème.

Qui n’a souri à cette phrase de la dédicace : « Bien que le rôle le plus long soit à Madame Chrysanthème, il est bien certain que les trois principaux personnages sont Moi, le Japon et l’Effet, que ce pays m’a produit ».

Cette déclaration n’a pas seulement le don d’égayer quiconque est le moins du monde au courant de la question — artiste, marchand, touriste vulgaire ou simple matelot, j’en appelle à « mon frère Yves » lui-même — il en est plus d’un parmi ceux-là


    gracile de joli bibelot d’étagère, jusqu’au maître de l’hôtellerie qui se perd en profondes révérences, sans cesse répétées jusqu’à l’obsession, tous vous sont accueillants, et vous vous sentez enveloppé d’une atmosphère de chaude bienveillance. Le paysan, le guide, l’aubergiste vous entourent d’une attention respectueuse.

    Dr MICHAUT. Le Japon inconnu, « Figaro du 7 oct. 93. »