Page:Régamey - Le Cahier rose de Mme Chrysanthème, 1894.pdf/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Où le mélancolique ami de Mme Chrysanthème ? N’a-t-il jamais vu les boutiques encadrées de drap noir qu’il compare avec insistance à des tentures de pop funèbres ? Ces étoffes, en réalité, sont des bannes où se lisent, en caractères clairs, les enseignes des différentes industries. Jamais elles ne sont noires, jamais elles ne sont en drap. Les Japonais pour cet usage, emploient des toiles teintes, généralement, en beau bleu indigo ; quelques-unes sont brunes ; les marchands de tabac, seuls, en étalent de rouges.

Nous ne croyons pas que tout cela offre un aspect bien funèbre et donne, d’après l’expression de l’auteur, l’idée d’un « deuil général ».

Ailleurs, c’est le tramway, dans lequel, il prend bien soin de nous le dire, « il monte pour la première fois de sa vie », qui l’indispose, et ses voisins lui inspirent cette phrase écœurée : « Combien je regrette, mon Dieu, de m’être fourvoyé dans cette voiture du peuple ». Voyez-le, tamponnant son mouchoir sous son nez d’aristocrate pour combattre la déplaisante senteur « d’huile de camélia rancie, de bête fauve, de race jaune ! »

L’imagination en ceci joue un grand rôle, car la race japonaise, grâce à son hygiène, à son exquise propreté, à ses bains chauds quotidiens et à son alimentation végétale, se distingue entre tous les peuples par son inodorance.[1]

Mais le lamentable ami de Mme Chrysanthème n’est-il pas un styliste hors pair ? Cependant lequel

  1. Some of the inhabitants of a certain village famed for its hot springs excused themselves to the present writer for their dirtiness during the busy summer months : « For », said they, « we have only time to bathe twice a day ». « How often, then do you bathe in winter ? » « Oh ! about four or five time daily. The children get into bath whenever they feel cold ».
    B. H. CHAMBERLAIN. (Things Japanese).