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Si le Japon semble n’avoir pas droit aux mêmes égards que la Grèce, c’est uniquement parce qu’on ignore l’un tandis que l’autre est ressassé.

Cependant de nombreux et remarquables travaux ont été publiés sur cet empire, en Angleterre principalement. En France, nous avons ceux de M. Pierre Loti, l’ingrat, le déplorable ami de madame Chrysanthème. Son parti pris incompréhensible de dénigrement est bien fait pour confondre l’esprit de quiconque a pratiqué le Japon autrement que ce marin. Il n’a fait que l’entrevoir du pont de son navire, et il le définit ainsi : « cette étonnante patrie de toutes les saugrenuités !!! »

Saugrenue !… Cette nature superbe où le pin colossal, à la noble allure, se marie au bambou capricieux et léger, où, d’un bout de l’année à l’autre, les fleurs étalent leur enchantement : c’est la neige rose des cerisiers dévalant des collines… ce sont les camélias de pourpre, les lis d’or, les graciles graminées, dont se parent à foison sentiers et buissons… c’est l’inépuisable variété de chrysanthèmes, ravissant notre Occident qui, jusqu’à ces dernières années, ne connaissait de cette plante qu’une espèce rabougrie et terne.[1]

Saugrenue !… Cette architecture élégante et grandiose, le Siro féodal, château-fort, aux murailles trapues, qui plonge dans un fossé aux eaux pro-

  1. The first impression made on any fairly observant person landing in Japan is the extraordinary variety of the vegetation. No wonder that the number of known species of trees and plants (exclusive of mosses and other low organism) rises to the enormous figure of two thousand seven hundred and forty three, distributed over an unusually large number of genera, while it is almost certain that further investigations will raise the figure considerably, the northern portion of the country having been as yet but imperfectly explored.
    B. H. CHAMBERLAIN. (Things Japanese).