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tueuses, qui ont appris à vos chefs à mépriser tous ceux qui les ont précédés, à mépriser tous leurs contemporains, et à se mépriser eux-mêmes, jusqu’au moment où ils sont devenus réellement méprisables. En suivant ces lumières trompeuses, il en a plus coûté à la France pour acquérir des calamités évidentes, qu’à aucune autre nation pour se procurer des avantages certains. La France a acheté la pauvreté par le crime ! La France n’a pas sacrifié sa vertu à ses intérêts ; mais elle a abandonné ses intérêts, afin de pouvoir prostituer sa vertu. Toutes les autres nations ont commencé la fabrique d’un nouveau gouvernement, ou la réforme d’un gouvernement ancien, en créant avant tout, ou en donnant ne nouvelle force aux rites de la religion. Tous les autres peuples ont posé les fondemens de la liberté civile sur des mœurs plus austères et sur un système de morale plus mâle et plus sévère. La France, au moment où elle relâchait les rênes de l’autorité royale, a doublé la licence d’une dissolution féroce de mœurs, et d’une irréligion insolente dans la pratique et dans les principes ; et elle a fait circuler dans tous les rangs de la vie, comme si elle communiquait quelque privilége, on découvrait quelque avantage dont elle eût été privée, toutes les corruptions malheureuses, qui étaient communément les maladies de la grandeur et de la richesse. Voilà un des nouveaux principes de l’égalité en France.

La France, par la perfidie de ses meneurs, a décrédité entièrement, dans le cabinet des rois, les con-