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solennellement alors renoncé, et l’a abdiqué à jamais pour elle-même et pour sa postérité. Ces messieurs peuvent être aussi fiers qu’il leur plaira de leurs principes whigs : quant à moi, je ne désire pas de passer pour un meilleur Whig que lord Somers ; ou de mieux entendre les principes de la révolution que ceux qui l’ont conduite et terminée ; ou de lire dans la déclaration des droits quelques mystères inconnus à ceux dont le style pénétrant a gravé dans nos règlemens et dans nos cœurs les mots et l’esprit de cette loi immortelle.

Il est vrai, qu’à la faveur des pouvoirs qui dérivaient de la force et de l’occasion, la nation était alors, en quelque sorte, libre de prendre le parti qu’il lui plairait pour remplir le trône ; mais elle n’était libre d’agir ainsi que sur les mêmes fondemens, d’après lesquels elle aurait été libre de détruire leur monarchie et toutes les autres parties de leur constitution. Cependant les législateurs n’ont pas pensé qu’un changement aussi hardi fût compris dans la compétence de leurs pouvoirs.

Il est en vérité bien difficile, et peut-être impossible, de donner des bornes à la compétence abstraite du pouvoir suprême, tel qu’il était exercé alors par le Parlement. Mais, quant à la compétence morale, celle qui, dans l’exercice même d’un pouvoir plus incontestablement souverain, soumet la volonté du moment à la raison permanente, aux maximes constantes de la fidélité, de la justice et d’une politique fondamentale et invariable, ses limites sont parfaitement intelligibles