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Hugues Peters faisait retentir les voûtes de la propre chapelle du Roi, au palais de Saint-James, des honneurs et des privièges de ces « soi-disant saints[1] qui, ayant, les louanges de Dieu dans la bouche, et une épée à deux tranchans dans la main, devaient exécuter le païen et punir le peuple ; charger leurs rois de chaînes et leurs nobles d’entraves. » Peu de sermons, si l’on en excepte ceux du temps de la Ligue en France, ou du temps fameux de notre Covenant en Angleterre, furent moins remplis d’un esprit de modération que celui du club de Old Jewry. Supposons, cependant, que l’on eût pu trouver quelque chose de modéré dans ce sermon politique ; encore faut-il convenir que la politique et la chaire ne vont guère ensemble. On ne doit entendre dans l’église que la voix adoucissante de la charité chrétienne. La cause de la liberté civile et celle du gouvernement civil ne gagnent pas plus que celle de la religion, par cette confusion de devoirs. Ceux qui se dépouillent de leur propre caractère pour se revêtir d’un autre qui ne leur appartient pas, ne sont certainement pas le plus grand nombre, ils ne sont capables d’exercer ni l’un ni l’autre. Tout-à-fait étrangers au monde dans lequel ils sont si empressés de se faufiler, et tout-à-fait neufs pour toutes ses affaires sur lesquelles ils prononcent avec une si grande confiance, ils n’ont de commun avec la politique que les passions qu’ils excitent. Sûrement l’Église est un lieu où l’on doit allouer une trêve d’un

  1. C’est ainsi que les Presbytériens se qualifiaient eux-mêmes.