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ligieuses, ainsi que de l’abolition de leurs Ordres. Il est vrai que cette partie de votre confiscation générale n’affecte pas l’Angleterre sous le rapport de l’exemple ; mais le principe est applicable à l’espèce, et il s’étend loin.

Le Long-Parlement confisqua les terres des doyennés et des chapitres en Angleterre, d’après les mêmes idées qui ont fait mettre en vente les biens des Ordres religieux. Mais ici le danger réside principalement dans le principe de l’injustice, et non pas dans la qualité des personnes sur lesquelles on l’exerce. Je vois dans une contrée toute voisine de la nôtre, suivre une marche politique qui attaque en tous points la justice, cet intérêt universel pour tout le genre humain. Aux yeux de l’Assemblée Nationale, la possession n’est rien, la loi et l’usage ne sont rien. Je vois qu’elle réprouve absolument la doctrine de la prescription, que, d’après l’autorité d’un de vos propres jurisconsultes, Domat, nous avons appris à regarder comme une partie de la loi de nature. Cet auteur nous apprend que la fixation certaine de ses limites, et sa sécurité contre l’invasion, étaient une des principales causes pour lesquelles la société civile elle-même avait été établie. Si vous ébranlez une fois la prescription, il n’est plus aucune espèce de propriété qui puisse être assurée, dès qu’elle devient assez considérable pour exciter la cupidité d’un pouvoir indigent. La conduite que l’on tient en France, correspond parfaitement avec le mépris qu’a l’Assemblée pour cette portion intégrante de la loi de nature, Je vois que les confiscations ont commencé par les évêques, par les chapitres, par les monastères, mais je ne