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justice sont des parties intégrantes de la religion. Les impies ne rendent leur cause ni meilleure, ni plus recommandable, par les iniquités et les cruautés qu’ils commettent envers quelque classe de leurs concitoyens que ce puisse être.

Nous entendons ces nouveaux instituteurs se vanter sans cesse de leur esprit de tolérance. Tolérer toutes les opinions n’est assurément pas un mérite à remarquer, lorsqu’on pense qu’il n’en est aucune qui soit digne d’estime. Un mépris égal n’est pas une bonté impartiale ; l’espèce de bienveillance, qui ne vient que du mépris, n’est point une véritable charité. Nous avons, en Angleterre, beaucoup de personnes qui ont le véritable esprit de tolérance ; elles croient que les dogmes de la religion ont tous leur importance, quoique dans des degrés différens ; et que, parmi eux, il en existe, comme parmi toutes les choses estimables, qui ont de justes titres à la préférence : elles supportent donc, et elles tolèrent. Elles tolèrent, non pas d’après un esprit de mépris pour les opinions, mais parce qu’elles respectent la justice ; elles voudraient protéger avec respect et avec affection toutes les religions, parce qu’elles chérissent et qu’elles révèrent le grand principe dans lequel elles s’accordent toutes, et le grand objet vers lequel elles sont toutes dirigées. Elles commencent à découvrir de plus en plus, d’une manière évidente, que nous avons tous une cause commune, puisqu’elle est contre un commun ennemi ; elles ne sont pas assez égarées par l’esprit de faction, pour ne pas discerner ce qui n’est fait qu’en faveur de leur