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disposé à croire à l’autorité de Burnet, parce que parmi nous-mêmes, j’ai remarqué qu’il existait trop de ce même esprit (car en avoir un peu, c’est en avoir beaucoup trop): cette disposition d’esprit, au surplus, n’est pas générale.

Ceux qui étaient à la tête de la réforme de notre religion, en Angleterre, n’avaient aucune ressemblance avec vos docteurs réformateurs de Paris ; peut-être (et, en cela, ils ressemblaient à ceux qui étaient dans le parti opposé) étaient-ils, plus qu’on ne devait le désirer, soumis à l’influence de l’esprit de parti ; mais ils avaient une croyance sincère. C’était des hommes d’une piété fervente et exaltée ; ils étaient prêts à mourir (et, en effet, plusieurs d’eux moururent) pour défendre avec héroïsme leurs idées particulières sur le christianisme ; et ils l’auraient fait avec un courage égal, et avec plus d’hilarité encore, pour le tronc même de cette vérité universelle, pour les branches de laquelle ils combattaient au prix de leur sang. Ils auraient désavoué avec horreur tous ces gens qui auraient voulu s’associer à eux, sans y apporter d’autres titres que d’avoir pillé les personnes avec lesquelles ils avaient une controverse établie ; que d’avoir méprisé la religion pour la pureté de laquelle tous leurs efforts affichaient un zèle qui faisait connaître, d’une manière non équivoque, avec quel respect ils révéraient le fond même d’un système dont ils ne souhaitaient que la réforme.