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le cardinal de Lorraine fut un rebelle et un meurtrier !

Tel est le perfide usage qu’ont fait des leçons de l’histoire travestie certains hommes pour la réussite de leurs projets criminels ; voilà comme ils ont perverti toutes les autres parties des connaissances humaines. Mais ceux qui ont le pouvoir de s’élever jusqu’à ces hauteurs où règne la raison, dont le regard domine sur tous les siècles ; de cette raison qui envisage les choses sous leur véritable point de vue, et ne considère que le caractère moral de toutes les actions humaines ; ceux-là diront à tous ces docteurs du Palais-Royal : « Le cardinal de Lorraine était le meurtrier du seizième siècle ; et vous, vous avez la gloire d’être les meurtriers du dix-huitième : voilà toute la différence ! » Mais l’histoire, dans le dix-neuvième siècle, mieux comprise, mieux dirigée, enseignera, j’en suis sûr, à la postérité civilisée, à abhorrer les iniquités de ces deux siècles barbares[1].

Elle enseignera aux prêtres et aux magistrats futurs, à ne point exercer, par voie de représailles, sur les athées spéculatifs et inactifs des temps futurs, toutes les

  1. Il n’est pas jusqu’à la Minerve, pamphlet des prétendus libéraux qui, dans sa 60e livraison, ne demande : Qui ose aujourd’hui (en 1819), se charger des crimes de la première terreur ? Mais cela n’empêche pas la Minerve de demander le rappel des terroristes, des régicides de 1793, bannis en 1815 ; et, tout en traitant de féroce le conventionnel Collotd’Herbois, elle n’en gémit pas moins sur l’exil des Fouché, des Carnot et autres collègues de ce monstre.(Note de l’Éditeur.)