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est le repaire des voleurs. C’est là ce qui arrive à tous ceux qui, ne pénétrant jamais plus avant que l’écorce et l’enveloppe extérieure de l’histoire, s’imaginent déclarer la guerre à l’intolérance, à l’orgueil et à la cruauté ; tandis que sous le prétexte d’abhorrer tous les principes dangereux des anciennes factions, ils autorisent, renouvellent et nourrissent eux-mêmes les mêmes, vices odieux dans des factions différentes, et peut-être dans de pires encore.

Vos bourgeois de Paris se sont prêtés autrefois à être les instrumens barbares du massacre de tous les sectateurs de Calvin, dans cette nuit infâme de la Saint-Barthélemí. Que dirions-nous à ceux qui pourraient avoir aujourd’hui l’idée de faire éprouver aux Parisiens, par voie de représailles, les abominations et les horreurs de ce temps-là ? Ils sont assurément bien portés à abhorrer ce massacre ; tout féroces qu’ils sont, il n’est pas difficile de le leur faire détester, parce que les endoctrineurs politiques du jour n’ont pas d’intérêt pour donner à leurs passions une direction tout-à-fait semblable. Mais toutefois leur intérêt n’est pas d’éloigner de leur cœur ces dispositions sauvages. Il y a quelque temps qu’ils ont fait représenter au théâtre toutes les scènes de ce même massacre pour le divertissement des descendans de ceux qui l’avaient commis[1]. Dans cette farce tragique, ils ont produit le

  1. Charles IX ou la Saint-Barthélemi, titre d’une tragédie de M. J. Chénier représentée au Théâtre Français.(Note de l’Éditeur.)