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-ils jeté une extrême amertume sur la dernière partie de sa vie. Personne mieux que lui n’en avait étudié les progrès et la nature ; les plus petits événemens et les personnages les moins influens de cette époque lui étaient connus comme s’il avait vécu au milieu d’eux. Il ne s’occupa plus que d’un seul objet politique qui y fût étranger, le projet d’émancipation des Catholiques en Irlande. L’utilité d’admettre cette portion de la nation anglaise aux droits d’électeur, lui fournit, en 1792, la matière d’une Lettre à Sir Hercule Langrishe. Lorsqu’il crut devoir se retirer du Parlement, sa place y fut occupée par son fils unique, jeune homme qu’il admirait autant qu’il le chérissait. La mort de ce fils, arrivée bientôt après, fut pour Burke un coup terrible. Lui-même termina sa carrière le 8 juillet 1797, dans la 68e année de son âge.

Burke était très-aimable dans la vie privée. Poussant l’amour des louanges jusqu’à la faiblesse, il rendait libéralement celles qu’il avait reçues. Son goût le portait vers les beaux arts, qu’il protégea souvent de la manière la plus noble. Il n’encouragea pas moins l’économie rurale, cherchant en général a étendre, dans tout son voisinage, les plans de bienfaisance et d’utilité publique. Cette disposition bienveillante de son âme eut, en dernier lieu, pour objet les victimes de la révolution française, réfugiées en Angleterre, et il fonda une école pour les enfans momentanément expatriés, dont la surveillance presque paternelle et l’instruction paraissent l’avoir occupé jusqu’au jour où il cessa d’exister.

Quelques personnes lui ont attribué les célèbres Lettres de Junius ; du moins est-il réputé y avoir pris une part considérable ; mais la publication de ce livre est un mystère