Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tention des étrangers, je veux dire la noblesse et le clergé, comme des objets d’horreur. Si ce n’eussent été que des libelles, ç’aurait été peu de chose ; mais les conséquences en sont trop réelles. Si votre noblesse et vos bourgeois distingués qui composaient le corps considérable de vos propriétaires fonciers, et tous les officiers de votre armée, se fussent conduits comme ceux de l’Allemagne à cette époque où les villes Anséatiques furent obligées de se confédérer contre les nobles pour défendre leurs propriétés ; s’ils eussent ressemblé aux Orsini, aux Vitelli qui, en Italie, sortirent de leurs cavernes fortifiées, pour fondre sur les voyageurs et sur les marchands, afin de les voler ; eussent-ils été même tels que les Mamelouchs en Egypte, ou les Nayrs sur la côte du Malabar, j’accorde qu’une critique trop scrupuleuse aurait été déplacée sur les moyens qu’on aurait employés pour purger le monde d’une telle peste. On aurait pu, pour un moment, couvrir d’un voile les statues de la Justice et de la Clémence. Les âmes les plus tendres, amenées à ces extrémités si effrayantes, où la morale elle-même se soumet à la suspension de ses propres règles, en faveur de ses propres principes ; ces âmes, dis-je, auraient pu se tenir à l’écart, à la vue des fraudes et des violences qui auraient été exercées pour parvenir à la destruction d’une prétendue noblesse qui déshonorait le genre humain, en même temps qu’elle le persécutait. Les êtres qui ressentent le plus d’horreur pour le sang, pour les trahisons, et pour les