Page:Réflexions sur la révolution de France.pdf/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce qu’il y avait déjà d’excellent, qu’elle corrigeât ses fautes, et qu’elle accrût ses facultés naturelles.

Quiconque aura porté ses regards sur la conduite que ce gouvernement a tenue pendant un certain nombre d’années qui ont précédé l’époque de sa ruine, aura certainement observé, au milieu des contradictions et des fluctuations naturelles aux cours, un empressement marqué vers la prospérité et l’amélioration de ce pays. Il ne pourra disconvenir que pendant longtemps il a été occupé, soit à faire disparaître entièrement, soit à corriger considérablement, les pratiques et les usages abusifs qui s’étaient introduits dans l’État, et même que ce pouvoir illimité que le roi avait sur ses sujets, pouvoir si étranger à la liberté et aux lois, s’adoucissait tous les jours, et perdait de sa rigueur. Loin de se refuser aux réformes, le gouvernement était ouvert, même avec une facilité blâmable, à tous les donneurs de projets, et à toutes les propositions possibles à cet égard. On accordait même trop à l’esprit d’innovation, esprit qui a bientôt tourné contre ceux qui l’entretenaient, et qui a causé leur ruine. Ce n’est que justice, et une justice froide et peu flatteuse que de dire, en parlant de cette monarchie anéantie, que depuis bien des années elle avait plutôt échoué par manque de jugement dans ses projets, que par défaut de vigilance ou d’esprit public. Ce n’est point en agir noblement que de choisir les cinquante ou soixante années précédentes du gouvernement de la France, pour le comparer avec les établissemens sages et bien constitués qui existaient dans le même temps, ou dans