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Je sais combien il est aisé, lorsque la grandeur est anéantie, de disserter sur les fautes qu’elle a commises. Qu’il arrive une révolution dans l’État, le vil flatteur de la veille devient le critique le plus sévère du moment[1]. Mais les bons esprits, ceux qui ne changent pas avec les circonstances, lorsqu’ils ont à méditer sur un objet aussi important pour l’humanité, que l’est celui du gouvernement, dédaignent de choisir le rôle de satiriques et de déclamateurs ; ils jugent les institutions humaines, comme ils jugent les caractères des hommes ; ils veulent faire sortir le bien du mal qui est mêlé dans les institutions périssables, comme il l’est dans les hommes sujets à la mort.

Quoique votre gouvernement en France fût communément, et avec justice, regardé comme une des meilleures monarchies non tempérées, ou mal tempérées, il était cependant rempli d’abus. Ces abus s’étaient accumulés avec le temps, et cela devait arriver dans une monarchie qui n’était pas soumise à l’inspection constante des représentans du peuple. Je ne suis pas totalement étranger à la connaissance des fautes et des imperfections qui existaient dans le gouvernement de la France, avant sa destruction, et je crois que je ne suis porté, ni par nature, ni par politique, à faire l’éloge d’une chose qui mérite une juste

  1. Hé, bon Dieu ! manquerions-nous d’exemples, si nous en voulions, parmi les plus vils flatteurs de Napoléon ? Qui est-ce qui l’a, le premier, appelé le Scapin couronné, si ce n’est un archevêque, son aumônier et son ambassadeur ?(Note de l’Éditeur.)