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tie pure soit la seule forme convenable de gouvernement que la société puisse avoir, pour qu’il ne soit permis à aucun homme d’hésiter sur ses avantages, sans le soupçonner d’être l’ami de la tyrannie, c’est-à-dire d’être l’ennemi du genre humain ?

Je ne sais quel nom donner à l’autorité qui gouverne actuellement en France : elle voudrait ne paraître qu’une démocratie pure, quoique je pense qu’elle précipite sa marche vers une ignoble et funeste oligarchie. Mais j’admets, quant à présent, qu’elle soit en réalité et dans ses effets, ce qu’elle prétend être. Ce n’est pas seulement sur un principe abstrait, que je réprouve aucune forme de gouvernement ; il peut exister telle situation dans laquelle une démocratie pure deviendrait un gouvernement nécessaire. Il y en a quelques-unes (mais bien peu et dans des circonstances très-circonscrites) qui pourraient même rendre cette forme désirable ; je suis loin de croire que ceci puisse être appliqué à la France ou à aucune nation étendue. Jusqu’à présent nous n’avons pas vu d’exemples de démocraties considérables ; les anciens les connaissaient mieux que nous : comme je ne suis pas tout-à-fait sans avoir pris quelque lecture des bons auteurs qui ont le mieux observé ces constitutions, et qui ont écrit sur ce sujet, je ne puis m’empêcher d’adopter leur opinion, qui était qu’une démocratie absolue ne devait, pas plus qu’une monarchie absolue, être classée parmi les formes légitimes de gouvernement. pensent que la démocratie, loin d’avoir quelque ressemblance avec une parfaite république, en est, plutôt la