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route et de la tyrannie n’a offert l’exemple d’un outrage aussi violent au crédit, à la propriété et à la liberté, que la circulation de ce papier forcé.

Dans le cours de toutes ces opérations se découvre à la fin le grand secret : c’est que, dans le fait, et dans le sens le plus clair, les terres de l’Église (autant du moins que quelque chose de certain peut être recueilli de toutes ces manoeuvres) ne doivent être nullement vendues. D’après les dernières résolutions de l’Assemblée nationale, elles doivent être abandonnées au plus offrant ; mais il faut observer qu’on accorde la facilité de ne payer qu’une certaine partie du prix de l’acquisition : on donne douze ans pour payer le surplus. Les acquéreurs philosophes, en payant une espèce de denier d’entrée, seront donc immédiatement mis en possession des biens. Cela devient en quelque sorte une espèce de don qu’on leur fait, une investiture féodale, en récompense de leur zèle pour ce nouvel établissement. Ce projet est évidemment pour introduire un corps d’acheteurs sans argent. La conséquence sera que les acheteurs, ou plutôt que les tenanciers payeront non-seulement sur les augmentations faciles de revenu (dont l’État aurait pu tout aussi bien profiter), mais encore sur les débris des matériaux des édifices, sur le dégât qu’ils feront dans les bois, et avec tout l’argent que des mains accoutumées aux rapines de l’usure pourront extorquer au malheureux paysan. Le voilà, le malheureux, livré à la discrétion mercenaire et arbitraire d’hommes qui seront excités aux extorsions de toute espèce, par les demandes qui s’accroî-