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dant il fallut prendre en considération que les magistrats et les officiers des cours, que l’on abolissait avaient acheté leurs charges à un prix très-haut, et que, soit pour l’intérêt de leur finance, soit pour la valeur de leurs services, ils recevaient en retour de l’un et de l’autre un faible intérêt de leur argent. Une simple confiscation est une faveur pour le clergé, c’était lui faire beaucoup d’honneur. – À l’égard des hommes de loi, il fallait observer quelques formes d’équité, et la compensation qu’on leur destinait devait monter à une somme immense. Cette compensation fait partie de la dette nationale, pour la liquidation de laquelle on a un fonds si inépuisable. Les remboursemens de la magistrature se feront avec ces nouveaux papiers, affectés sur les biens de l’Église, qui doivent marcher avec les nouveaux principes de la justice et de la législature. Les magistrats congédiés auront à choisir entre le martyre avec les ecclésiastiques, ou la nécessité de ne recevoir leur propriété que dans une nature de fonds et dans une forme, qu’eux et tous ceux qui ont été nourris dans les anciens principes de la jurisprudence, et qui étaient, par leur serment, les gardiens de la propriété, ne peuvent envisager qu’avec horreur. Le clergé même ne sera payé de la misérable rétribution qui lui est allouée, qu’avec ce même papier dont l’empreinte offre le caractère indélébile da sacrilége et les symboles de sa propre ruine ; ou bien il faudra qu’il meure de faim. Non certainement, dans aucun temps et dans aucune nation, une telle alliance de la banque-