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biens[1]. Quant à vous, au point de perfection de l’esprit humain dont vous jouissez, vous n’avez pas mis tant de formalités. Vous avez fait main-basse sur cinq millions sterling de revenu annuel, et chassé de leurs maisons quarante ou cinquante mille créatures humaines, parce que « tel était votre bon plaisir ». Le tyran de l’Angleterre, Henri VIII, qui n’était pas plus éclairé que ne l’étaient à Rome les Marius et les Sylla, et qui n’avait pas étudié dans vos nouvelles écoles, Henri VIII ne connaissait que l’instrument invincible du despotisme ; l’on pouvait trouver dans ce grand arsenal d’armes offensives les droits de l’homme. Lorsqu’il eut résolu de piller les abbayes, comme le club des Jacobins a pillé tous les biens ecclésiastiques, il commença par établir une commission pour entrer dans l’examen des crimes et des abus qui régnaient dans ces communautés. Sa commission, comme on pouvait s’y attendre, mit dans son rapport des vérités, des exagérations et des mensonges ; mais faussement ou d’après la vérité, elle rendit un compte

  1. La confiscation des biens pour crime de haute trahison existe encore dans beaucoup de pays civilisés ; et nous doutons que ce soit par simple amour de l’humanité que cette peine a été proscrite si rigoureusement pour les trahisons de 1815. Les biens des traîtres auraient épargné à l’État la création de tant de millions de rente ; et l’on ne craindrait plus de voir encore servir ces richesses à de nouvelles trahisons. La Charte défend, dit-on ; oui, à présent, cela ne serait ai juste, ni possible ; mais alors la Charte avait été suspendue par la force et la violence : vingt-quatre heures de suspension de plus, et l’État ne serait pas si obéré qu’il l’est maintenant.(Note de l’Éditeur.)