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Ainsi dans le même acte qui dépouille ces malheureux citoyens, on consacre à la fois et la légitimité de leurs droits, et la violation impudente que l’on en fait.

Si, comme je l’ai dit, quelques personnes devaient répondre du déficit aux créanciers de l’État, ce devait être celles par les mains desquelles avait passé la transaction de ces créances. Dès lors, pourquoi n’a-t-on pas confisqué tous les biens de tous les contrôleurs-généraux ? Pourquoi n’a-t-on pas confisqué ceux de cette longue succession de ministres, de financiers et de banquiers qui se sont enrichis, pendant que la nation se ruinait par leurs manœuvres et par leurs conseils ? Pourquoi les biens de M. de La Borde n’ont-ils pas été confisqués, plutôt que ceux de l’archevêque de Paris, qui n’avait jamais rien eu de commun dans la création ni l’agiotage des fonds publics ; ou, s’il vous fallait absolument confisquer d’anciennes propriétés territoriales, en faveur de ceux qui font commerce d’argent, pourquoi avez-vous fait porter ce châtiment sur une seule classe d’hommes ? Je ne sais pas si, d’après le goût excessif qu’avait le duc de Choiseul pour les dépenses, il aura laissé après lui quelque chose des sommes énormes qu’il avait obtenues des bontés de son maître, durant le cours d’un règne qui, par ses prodigalités en tout genre, pendant la guerre et pendant la paix, a amplement contribué à la dette actuelle de la France. S’il en existe des restes, pourquoi ne sont-ils pas confisqués ? J’ai été à Paris du temps de l’ancien gouvernement ; je me rappelle que c’était immédiatement après l’époque où le duc d’Aiguillon ve-