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ment, a un plan formé par la Cour, de tout conduire par l’entremise de ses favoris. Il fait voir l’incompatibilité de cette influence secrète avec les principes d’un état libre ; et met en avant quelques opinions populaires concernant la Chambre des Communes. Du reste, le remède qu’il proposait pour les maux généralement sentis, consistait surtout à placer ce pouvoir dans les mains des grandes familles (whigs) qui avaient été les soutiens de la révolution de 1688, ainsi que des mesures subséquentes, ce qui était une manière d’indiquer le parti de Rockingham. Cette conclusion lui attira plusieurs censures sévères ; mais, pour le justifier du reproche qu’on lui faisait alors de paraître trop porté vers les idées démocratiques, il suffirait de citer l’ouvrage dont nous venons de parler. Dans son opposition aux actes ministériels qui ont précédé et suivi les guerres d’Amérique, il employa toute sa pénétration politique, toute son éloquence, d’abord à prévenir la scission, et ensuite à tenter un moyen de rapprochement. Il était alors parvenu a la maturité de son talent oratoire. Les annales du Parlement offrent peu d’exemples d’une éloquence aussi forte, aussi animée que celle de Burke. Chez lui, l’imagination et le sentiment paraissaient avoir use égale puissance ; et une audacieuse vigueur s’alliait a une naïveté quelquefois fort piquante. La rapidité de son débit ne lui laissait pas le temps de choisir et de perfectionner. Lorsqu’il commençait a parler, il était difficile de deviner jusqu’où il pourrait aller ; mais quelque trait frappant et original ne tardait pas a produire une vive impression. On peut tirer des discours de cet orateur, des discussions sur presque tout ce qui intéresse la société humaine, en même temps qu’un grand