gardiens, il sera jeté dans la boue et foulé aux pieds, sous les sabots d’une multitude grossière[1].
Si, comme je le soupçonne, la littérature moderne doit beaucoup plus qu’elle n’a jamais voulu en convenir aux mœurs anciennes, il en est de même des autres intérêts, que nous estimons pour le moins autant qu’ils valent. Le commerce même, le négoce, et les manufactures, (les dieux de nos politiques économistes,) ne sont peut-être eux-mêmes que des créatures, ils ne sont eux-mêmes que des effets, que comme des causes premières, nous aimons mieux adorer. Ils ont certainement acquis une grande extension sous le même abri qui a fait fleurir le savoir, ils peuvent aussi décheoir en même temps que leurs principes protecteurs et naturels. Il paraît, quant à présent du moins, que le tout est menacé de disparaître à la fois chez vous. Lorsqu’un peuple n’a ni commerce, ni manufactures, et que l’esprit de noblesse et de religion lui reste, le sentiment y supplée, et il ne remplit pas toujours mal leur place ; mais si les arts et le commerce venaient à se perdre dans une expérience qui serait faite pour éprouver comment un état peut subsister sans noblesse et sans religion, ces deux antiques principes fondamentaux, quelle espèce de
- ↑ Ne croirait-on pas que ces pages ont été écrites pendant les sanglantes journées où un tribunal révolutionnaire envoyait dans une même charrette ; au même échafaud, prêtres, nobles, savans, négocians, ouvriers ? Si illisible de ses prophéties, en rira-t-on depuis qu’on a vu illisible ?(Note de l’Éditeur.)