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individus font naître, est regardée comme une trahison à l’égard du public[1]. C’est là que la liberté est toujours regardée comme parfaite, quand la propriété est rendue incertaine ; qu’au milieu des massacres, des assassinats, des confiscations exécutées ou méditées, on forme des plans pour le bon ordre de la société future ; c’est là que, prodiguant des caresses à de vils criminels, et élevant leurs parens, d’après le degré de leurs forfaits, ils poussent une infinité de personnes vertueuses à les imiter, en les forçant à subsister par la mendicité ou par le crime.

L’Assemblée, organe de ces clubs, représente devant eux la farce de ses délibérations avec autant d’indécence que de liberté ; ils jouent, comme des comédiens d’une foire, devant un assemblage de révoltés : c’est an milieu des cris tumultueux d’une canaille mélangée d’hommes féroces et de femmes qui ont perdu toute espèce de honte, qui, selon le caprice de leur imagination insolente, dirigent, contrôlent, applaudissent

  1. En février 1819, un professeur lecteur royal, au collège royal de France, s’écriait en chaire : « Brutus immola ses fils mêmes à la liberté : les anciens avaient des idées de la gloire bien plus justes que nous, et le règne de Louis XIV a surtout contribué à nous donner ces vaines susceptibilités (c’est-à-dire la sensibilité que les individus font naître) qu’on a prises long-temps pour de beaux sentimens ; mais heureusement aujourd’hui le caractère du siècle est bien autre..., ». Il est vrai que la révolution nous a bien guéris de cette susceptibilité à laquelle le lecteur royal craint de nous voir revenir. Ce lecteur, dit royal, était naguère lecteur impérial, et auparavant ultra-républicain de 93, 94, 95.(Note de l’Éditeur.)