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quelques-unes de ces grandes masses, la portion de chacun serait d’une petitesse inconcevable ; mais la multitude n’est pas capable de faire de tels calculs, et l’intention de ceux qui la mènent au pillage, n’est jamais non plus de faire cette distribution.

Le pouvoir de perpétuer nos propriétés dans nos familles, est une des circonstances les plus intéressantes et les plus importantes qui soient attachées à la propriété, et celle qui contribue le plus à la perpétuité de la société elle-même ; elle fait tourner nos vices au profit de nos vertus par ce moyen, l’on peut enter la générosité sur l’avarice. Les possesseurs des richesses d’une famille et des distinctions qui sont attachées à leurs personnes en cette qualité héréditaire, (comme y étant les plus intéressés) sont les garans naturels de la transmission de toutes les propriétés. Chez nous, la Chambre des Pairs est établie sur ce principe ; elle est entièrement composée de propriétés et de distinctions héréditaires. C’est pourquoi elle forme le tiers du Corps Législatif[1], et devient en dernier ressort le seul juge de toutes les propriétés, dans toutes leurs subdivisions. La Chambre des Communes aussi, quoique ce ne soit pas aussi nécessairement, est cependant par le fait composée en grande partie de la même manière. Que ces grands proprié-

  1. Le tiers du Corps Législatif, c’est-à-dire trois cent trente pairs environ sur neuf cent quatre-vingt-dix membres de la Chambre des Communes. Est-ce là la proportion suivie en France en 1819 ?(Note de l’Éditeur.)